Introduction
L’achat immobilier est souvent perçu comme un parcours réservé aux salariés en CDI. Les travailleurs indépendants, freelances, intermittents du spectacle, intérimaires ou salariés en CDD se heurtent à des obstacles lorsqu’ils demandent un crédit. Face à ces difficultés, beaucoup pensent qu’obtenir un CDI temporaire est la seule solution pour rassurer les banques.
Mais est-ce réellement une obligation ? Le CDI est-il la seule preuve de stabilité financière prise en compte par les établissements bancaires ? Existe-t-il des alternatives pour emprunter sans CDI tout en mettant en avant sa capacité de remboursement ?
1. Pourquoi les banques privilégient-elles les emprunteurs en CDI ?
Lorsqu’une banque accorde un prêt immobilier, son objectif est simple : limiter les risques de non-remboursement. Un crédit s’étale souvent sur 15 à 25 ans, et l’établissement prêteur cherche des emprunteurs capables de garantir des revenus réguliers sur toute la durée du remboursement.
Le CDI est perçu comme le contrat de travail le plus sécurisant, car il offre une stabilité financière et une protection contre le chômage. Mais qu’en est-il des autres statuts professionnels ? Pourquoi les indépendants, freelances, intermittents du spectacle, salariés en CDD ou intérimaires sont-ils considérés comme des profils à risque ?
1.1 Le CDI : un gage de sécurité pour les banques
Le CDI est le contrat préféré des banques pour plusieurs raisons. Il garantit un revenu régulier, encadré par des règles strictes en matière de licenciement et d’indemnités de chômage. Même en cas de perte d’emploi, un salarié en CDI peut bénéficier de l’assurance chômage, ce qui réduit les risques d’impayés.
Les établissements bancaires considèrent aussi qu’un emprunteur en CDI est plus prévisible financièrement. Il présente un historique de paie constant, ce qui facilite l’évaluation de sa capacité de remboursement. À l’inverse, un travailleur hors CDI doit fournir davantage de garanties pour prouver sa stabilité financière.
1.2 Le cas des travailleurs indépendants et freelances
Les indépendants et freelances n’ont pas de fiche de paie ni d’employeur garantissant un revenu fixe. Leurs revenus peuvent fluctuer en fonction des contrats signés et des variations du marché. Pour les banques, cela représente un risque, car un mois prospère peut être suivi d’un mois sans rentrée d’argent.
Pour compenser cette instabilité perçue, les travailleurs indépendants doivent souvent :
- Présenter au moins trois bilans comptables positifs pour prouver la rentabilité de leur activité.
- Avoir un taux d’endettement maîtrisé et une épargne conséquente.
- Souscrire à une assurance emprunteur renforcée, qui peut coûter plus cher que pour un salarié en CDI.
Certaines banques proposent des offres spécifiques aux travailleurs non salariés, mais ces dossiers nécessitent une préparation rigoureuse et parfois l’intervention d’un courtier.
1.3 Le cas des intermittents du spectacle
Les intermittents du spectacle ont un statut particulier, alternant périodes d’emploi et périodes sans contrat, avec des droits au chômage intermittents. Bien que leur modèle de rémunération soit bien encadré en France, les banques restent frileuses à l’idée de financer un prêt immobilier pour ces profils.
Pour être éligible à un crédit, un intermittent doit prouver :
- Une activité régulière et un nombre suffisant d’heures travaillées sur plusieurs années.
- Des revenus moyens constants, même si les périodes de travail sont irrégulières.
- Une capacité d’épargne pour pallier les périodes sans contrat.
Certains établissements acceptent les intermittents s’ils démontrent une grande stabilité professionnelle, avec des cachets récurrents et une ancienneté dans leur domaine.
1.4 Le cas des salariés en CDD
Les salariés en CDD sont souvent perçus comme précaires par les banques, même si leur contrat peut être renouvelé sur plusieurs années. Un employé en CDD ne bénéficie pas de la même sécurité d’emploi qu’un salarié en CDI et n’a pas l’assurance de voir son contrat prolongé à l’échéance.
Toutefois, certaines situations peuvent rassurer les banques, notamment si :
- Le salarié en CDD travaille dans un secteur porteur avec un fort taux d’embauche en CDI.
- Il justifie d’une ancienneté et d’une progression salariale sur plusieurs contrats successifs.
- Son apport personnel est conséquent et réduit ainsi le montant à financer.
Les salariés en CDD peuvent aussi améliorer leur dossier en empruntant avec un co-emprunteur en CDI ou en présentant des garanties complémentaires comme une caution solidaire.
1.5 Le cas des intérimaires et travailleurs en contrat de travail temporaire (CTT)
Les intérimaires et travailleurs en CTT connaissent des situations proches des CDD, avec une alternance de missions et des périodes sans contrat. Cette instabilité est un frein pour les banques, qui privilégient la sécurité d’un CDI.
Cependant, certaines conditions peuvent améliorer leur dossier :
- Avoir une ancienneté significative en tant qu’intérimaire, prouvant que leur emploi est stable malgré l’absence de CDI.
- Justifier d’une activité régulière avec des revenus constants sur plusieurs années.
- Présenter un contrat intérimaire de longue durée ou une promesse d’embauche en CDI.
Les travailleurs en intérim peuvent également bénéficier de dispositifs spécifiques, comme le CDI intérimaire, qui leur permet d’être mieux perçus par les banques.
1.6 Les autres critères qui influencent la décision des banques
Au-delà du type de contrat, les banques analysent plusieurs éléments avant d’accorder un crédit immobilier. Un CDI ne garantit pas systématiquement un prêt si d’autres critères ne sont pas remplis. Parmi les points clés étudiés par les établissements bancaires, on retrouve :
- Le taux d’endettement, qui ne doit pas dépasser 35 % des revenus.
- L’apport personnel, souvent exigé à hauteur de 10 à 20 % du prix du bien.
- La gestion financière, avec des relevés bancaires sans incidents et une capacité d’épargne démontrée.
- L’ancienneté dans l’emploi, car un salarié en CDI récemment embauché peut être jugé plus risqué qu’un indépendant en activité depuis plusieurs années.
2. Peut-on obtenir un prêt immobilier sans CDI ?
Le CDI est souvent perçu comme un passage obligé pour obtenir un prêt immobilier, mais il n’est pas une condition absolue. Certaines banques acceptent les emprunteurs hors CDI, à condition qu’ils puissent prouver une stabilité financière et une capacité de remboursement solide.
Un travailleur indépendant, un freelance, un intermittent du spectacle, un salarié en CDD ou un intérimaire peut accéder à l’emprunt en mettant en avant des éléments rassurants, comme un apport personnel conséquent, une épargne solide et des revenus réguliers sur plusieurs années. Les banques évaluent chaque dossier au cas par cas et prennent en compte plusieurs critères pour mesurer le risque.
2.1 Comment convaincre une banque sans CDI ?
L’objectif d’une banque est de s’assurer que l’emprunteur pourra rembourser son crédit sur toute sa durée. Un CDI facilite cette évaluation, mais d’autres éléments peuvent jouer en faveur des travailleurs hors CDI.
Plusieurs stratégies permettent de compenser l’absence de CDI et de renforcer un dossier de prêt immobilier :
- Apporter un bilan financier stable : pour un indépendant ou un intermittent, il est essentiel de prouver des revenus réguliers sur les trois dernières années à l’aide des avis d’imposition et des relevés bancaires.
- Constituer un apport personnel élevé : plus l’apport est important (idéalement 20 % du prix du bien ou plus), plus la banque sera rassurée sur la capacité de l’emprunteur à gérer son budget.
- Éviter les découverts et incidents bancaires : des relevés bancaires bien tenus sur au moins six mois prouvent une gestion rigoureuse des finances et rassurent la banque sur la fiabilité du demandeur.
- Souscrire une assurance emprunteur adaptée : certaines assurances couvrent les profils atypiques et permettent de compenser l’absence de stabilité contractuelle.
- Faire appel à un co-emprunteur en CDI : si l’un des emprunteurs est en CDI, le dossier est beaucoup plus facilement accepté.
- Présenter une caution solide : une garantie externe, comme un proche se portant caution ou une garantie bancaire, peut permettre de convaincre un établissement prêteur.
2.2 Le cas des indépendants et freelances
Un travailleur indépendant ou un freelance n’a pas de contrat de travail, ce qui inquiète souvent les banques. Toutefois, il peut démontrer une situation stable en fournissant trois années de bilans comptables positifs et en prouvant qu’il dispose de contrats récurrents avec des clients réguliers.
Un freelance avec un carnet de commandes rempli sur plusieurs mois ou années peut rassurer la banque sur la prévisibilité de ses revenus. Certains établissements acceptent d’ailleurs plus facilement les professions libérales ou les travailleurs indépendants ayant une forte ancienneté.
2.3 Le cas des intermittents du spectacle
Les intermittents du spectacle connaissent des périodes de travail alternant avec des périodes sans contrat. Cette irrégularité des revenus complique l’accès au crédit, mais certains éléments peuvent rassurer une banque.
Un intermittent peut prouver un nombre suffisant d’heures travaillées sur plusieurs années et des revenus moyens constants. Présenter des justificatifs d’allocations chômage intermittentes peut également montrer une certaine sécurité financière.
2.4 Le cas des salariés en CDD et des intérimaires
Les CDD et intérimaires sont souvent perçus comme précaires, mais cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas emprunter. Une ancienneté dans le secteur ou des contrats successifs chez un même employeur peuvent jouer en leur faveur.
Un salarié en CDD qui travaille depuis plusieurs années dans la même entreprise ou dans un secteur porteur (comme l’informatique, la santé ou l’industrie) peut démontrer que son emploi est stable malgré l’absence de CDI.
L’intérimaire peut, quant à lui, prouver une activité continue avec des contrats réguliers et un revenu stable sur plusieurs années. Un CDI intérimaire peut aussi faciliter l’accès au prêt immobilier.
2.5 Les banques sont-elles ouvertes aux emprunteurs sans CDI ?
Toutes les banques ne sont pas aussi souples face aux travailleurs hors CDI. Certaines refusent systématiquement les dossiers sans contrat à durée indéterminée, tandis que d’autres acceptent d’étudier des cas atypiques si des garanties suffisantes sont apportées.
Certaines banques en ligne ou établissements spécialisés proposent des offres adaptées aux indépendants et aux travailleurs en CDD, mais elles exigent généralement un apport plus élevé et des conditions plus strictes.
Faire appel à un courtier en crédit immobilier peut être une solution efficace pour trouver une banque acceptant les profils sans CDI. Un courtier connaît les établissements les plus flexibles et peut négocier des conditions plus avantageuses pour un emprunteur hors CDI.
3. Quelles solutions pour emprunter sans CDI ?
L’absence de CDI ne signifie pas forcément un refus de prêt immobilier. Les banques recherchent avant tout des emprunteurs capables de prouver leur stabilité financière et leur capacité à rembourser sur le long terme. Un travailleur hors CDI peut convaincre un établissement prêteur en optimisant son dossier et en mettant en avant des garanties solides.
3.1 Augmenter son apport personnel pour rassurer la banque
L’apport personnel est un facteur déterminant dans l’acceptation d’un prêt immobilier. Pour un emprunteur sans CDI, disposer d’un apport d’au moins 20 % du prix du bien réduit le risque pour la banque et prouve une capacité d’épargne importante. Un apport conséquent permet également de négocier un taux d’intérêt plus avantageux et d’éviter certaines garanties supplémentaires comme l’hypothèque.
Une épargne bien constituée, même en dehors de l’apport, peut aussi être un argument de poids. Les banques apprécient les emprunteurs qui disposent d’une épargne de précaution équivalente à plusieurs mois de mensualités de crédit, car cela prouve une gestion financière prudente et une capacité à faire face aux imprévus.
3.2 Prouver la stabilité financière sans CDI
Un emprunteur sans CDI doit prouver à la banque qu’il dispose de revenus réguliers et d’une activité professionnelle pérenne. Un freelance, un intermittent ou un intérimaire avec plusieurs années d’expérience et des revenus stables inspire plus confiance qu’un salarié en CDI récemment embauché.
Les banques analysent en priorité :
- L’historique des revenus sur les trois dernières années, notamment à travers les avis d’imposition.
- Les relevés de compte sur six mois à un an, qui doivent être sans incidents de paiement ni découverts fréquents.
- L’ancienneté dans l’activité professionnelle et la stabilité des contrats obtenus dans le temps.
Un travailleur indépendant peut présenter des bilans comptables positifs et des contrats récurrents avec des clients réguliers. Un intermittent du spectacle ou un intérimaire peut fournir des preuves de missions continues et de revenus stables malgré la nature fluctuante de son emploi.
3.3 Faire appel à un co-emprunteur en CDI
Si l’un des deux emprunteurs est en CDI, le dossier devient beaucoup plus attractif aux yeux des banques. Un couple où l’un est en CDI et l’autre indépendant ou en CDD a de meilleures chances d’obtenir un prêt, car la stabilité du co-emprunteur compense le risque perçu pour le second.
Dans ce cas, la banque se basera en priorité sur les revenus du co-emprunteur en CDI pour évaluer la capacité de remboursement. Toutefois, l’emprunteur hors CDI devra toujours prouver une bonne gestion financière et une stabilité professionnelle.
3.4 Offrir des garanties supplémentaires
Lorsqu’un emprunteur sans CDI ne peut pas justifier une stabilité financière suffisante, il peut renforcer son dossier en apportant des garanties supplémentaires.
Parmi les solutions envisageables :
- L’hypothèque sur un bien immobilier : Si l’emprunteur possède déjà un bien immobilier, il peut proposer une hypothèque comme garantie de remboursement.
- La caution bancaire ou familiale : Une banque peut accepter une garantie bancaire sous forme de caution, ou un proche peut se porter garant pour couvrir d’éventuels impayés.
- Le nantissement d’une épargne : Si l’emprunteur dispose d’une épargne conséquente, il peut proposer de la nantir (bloquer temporairement une somme d’argent comme garantie du prêt).
Certaines banques acceptent ces garanties comme alternatives à un CDI, surtout si l’emprunteur dispose d’un fort capital ou d’un patrimoine déjà constitué.
3.5 Trouver une banque ouverte aux profils sans CDI
Toutes les banques ne traitent pas les emprunteurs hors CDI de la même manière. Certaines sont plus strictes et privilégient les salariés en contrat stable, tandis que d’autres acceptent des profils plus atypiques en échange de garanties renforcées.
Comparer les offres et démarcher plusieurs banques permet d’identifier celles qui sont les plus flexibles pour les travailleurs indépendants, intermittents ou en CDD. Certaines banques en ligne ou établissements spécialisés proposent même des offres dédiées aux freelances et entrepreneurs, avec des critères d’acceptation adaptés à ces statuts.
Passer par un courtier en crédit immobilier est une excellente solution pour maximiser ses chances d’obtenir un prêt. Un courtier connaît les établissements les plus ouverts aux travailleurs hors CDI et peut négocier des conditions plus avantageuses en mettant en avant les atouts du dossier de l’emprunteur.
3.6 Bien préparer son dossier avant de faire sa demande
Un dossier de prêt immobilier doit être clair, complet et structuré pour éviter toute hésitation de la part des banques. Un travailleur sans CDI doit anticiper les questions des établissements prêteurs et fournir toutes les preuves nécessaires pour démontrer sa solvabilité.
Avant de déposer une demande, il est recommandé de :
- Regrouper tous les justificatifs de revenus (avis d’imposition, bilans comptables, relevés de missions, etc.).
- Éviter les découverts bancaires et assainir sa situation financière dans les mois précédant la demande.
- Augmenter son épargne de précaution, qui servira d’amortisseur en cas de baisse de revenus.
- Se renseigner sur les conditions des différentes banques et privilégier celles qui acceptent les profils hors CDI.
Une préparation minutieuse peut faire toute la différence et convaincre une banque d’accorder un prêt même en l’absence de CDI.
Conclusion
Le CDI est souvent considéré comme un sésame pour l’obtention d’un prêt immobilier, mais il n’est pas une obligation absolue. Les banques recherchent avant tout des emprunteurs capables de rembourser leur crédit sur le long terme, et plusieurs alternatives permettent de compenser l’absence de contrat à durée indéterminée.
Les travailleurs indépendants, freelances, intermittents du spectacle, intérimaires et salariés en CDD peuvent optimiser leur dossier en mettant en avant des éléments rassurants. Un apport personnel conséquent, des revenus réguliers, une gestion financière saine et des garanties solides sont des atouts essentiels pour convaincre une banque.
L’important est d’anticiper les attentes des établissements prêteurs et de se tourner vers les banques les plus ouvertes aux profils hors CDI. Certaines institutions proposent des offres adaptées aux travailleurs non salariés, et un courtier en crédit immobilier peut être un allié précieux pour négocier les meilleures conditions.
L’achat immobilier sans CDI est un défi, mais loin d’être impossible. Avec une bonne préparation, un dossier solide et les bonnes stratégies, un emprunteur peut obtenir un financement et accéder à la propriété sans avoir à sacrifier sa liberté professionnelle.